« ÉCOUTE BÛCHERON ARRÊTE UN PEU LE BRAS… » (Ronsard)

« ÉCOUTE BÛCHERON ARRÊTE UN PEU LE BRAS… » (Ronsard)

par Daniel SOULARUE, Président d’ASPL  (Association de Sauvegarde du Pys de la Luzège)
Texte de Fév 2011, extrait de « lo direm, ce sera dit », bulletin de CORREZE environnement …

Ne serait il pas encore d’actualité ? !!

La plupart des routes touristiques Corréziennes – et le maillage bocager en est très riche- se caractérisaient par un boisement de bordures en feuillus de hautes stature= hêtres, chênes, bouleaux, charmes, tilleuls et platanes. C’est un avant goût de la forêt elle-même, toujours à quelques encablures d’une voie départementale. C’est la signature du paysage Corrézien, son arboretum offert partout en vitrine naturelle à ceux qui voyagent.

On a décidé en haut-lieu, il y a peu, de « préserver » coûte que coûte ce bête ruban de goudron qu’est une voie de circulation en partant du principe très élémentaire que l’arbre était l’ennemi juré de la route ! Moult riverains ont été sommés d’élaguer jusqu’au houppier, ou d’abattre, ces hautes sentinelles familières ; menace d’intervention administrative et facturation à la clef. Il en découle, et ça ne fait que s’accélérer, un massacre généralisé à la tronçonneuse sur de très nombreuses voies touristiques. Aucun discernement, aucune gestion raisonnée de ce qu’il faut bien pourtant appeler un patrimoine naturel. Vue le coût de l’intervention des professionnels, on rentabilise l’opération autant que faire se peut avec la coupe à blanc qui s’étend au-delà de la bordure elle-même.

C’est la suite, à l’échelle départementale, du honteux chantier d’abattage des 650 hêtres, plus que centenaires qui bordaient la RD 36- dite route de Paris- au sortir de Millevaches en allant vers la Creuse. Personne, malgré des manifestations associatives organisées sur la voirie, n’a pu s’opposer alors efficacement à la volonté des services techniques du Conseil Général. La perspective paysagère est aujourd’hui en ces lieux d’une affligeante banalité. Cette allée majestueuse ouverte sur des kilomètres était sans contexte une des vitrines patrimoniales du PNR de Millevaches.

N’eut-il pas été plus judicieux- et c’est encore pour très peu de temps d’actualité- d’associer l’ensemble des propriétaires riverains à une gestion concertée et raisonnée, voire une valorisation, de tout ce patrimoine forestier du «  pays de l’arbre et de l’eau ». On aurait alors parlé d’abattages et surtout d’élagages effectués avec discernement dans le cadre d’une politique d’image paysagère chère à nos mémoires Corréziennes.

Qui peut démontrer que l’arbre nuit à la qualité du réseau routier ?

Qui peut statistiquement démontrer qu’il est un réel facteur de dangerosité s’il est « jardiné » ?

D’où émanent donc ces diktats administratifs qui s’apparentent aux directives européennes visant à substituer en tous lieux le résineux au feuillu ?

Qui donc pilote le délabrement progressif, avec interventions souvent trop tardives, du réseau routier rural ? Qui, dans le même temps, fait mettre du goudron sur du goudron à des fins électorales ?

Qui donc a confié, les yeux fermés, la gestion du patrimoine naturel départemental à des techniciens même très supérieurs ? Où est la société civile ? Où est l’administré lambda qui paie ses impôts pour l’entretien judicieux des voies routières ?

Le peuplement forestier Corrézien avec ses 260 000 ha fait encore illusion… vue d’hélicoptère.

La partie dite éco typique (les feuillus plus quelques essences de résineux) se réduit comme une peau de chagrin. Le taillis, sans avenir car non entretenu, se substitue à la forêt proprement dite. La friche boisée gagne partout du terrain.

Une politique globale de gestion raisonnée et de bonnes pratiques forestières à objectifs écologique et paysager reste toujours à mettre en œuvre avec courage et pugnacité dans ce département.

Les commentaires sont clos.