Energies renouvelables en Corrèze : ne pas confondre vitesse et précipitation !

Energies renouvelables en Corrèze : ne pas confondre vitesse et précipitation !

Lettre ouverte aux habitant.es de la Corrèze

 Le 11 juillet dernier le Préfet de la Corrèze s’est adressé à tous les maires de la Corrèze, ainsi qu’aux présidents des ECPI, pour les inviter à participer à l’élaboration d’une cartographie indiquant les zones propices au développement accéléré des énergies renouvelables dans leurs communes. Cette demande s’inscrit dans le cadre de la loi du 10 mars 2023. Un calendrier extrêmement serré a été défini par le Préfet. Bien que le courrier ait été reçu au début de l’été, les maires étaient invités à…

  • 1°) définir des zones favorables avant le 15 septembre 2023.
  • 2°) organiser des concertations avec les habitants entre le 15 et le 29 septembre 2023.
  • 3°) organiser un débat au conseil municipal devant se tenir entre le 16 octobre et le 1er novembre 2023.
  • 4°) de transmettre les résultats de cette délibération à la Préfecture le 3 novembre 2023.

Ce calendrier – voulu par le parlement il est vrai – est en fait impossible à tenir. Il a fallu 4 mois à l’exécutif pour tirer les conclusions de la loi du 10 mars 2023. Mais il n’accorde qu’un peu plus de 2 mois aux élus locaux et aux habitants pour opérer le travail le plus complexe et délicat : l’adaptation aux territoires, l’élaboration concrète de cette cartographie ! Il est significatif que le courrier préfectoral du 11 juillet comporte (annexes comprises) 24 pages très denses, dont la lecture est ardue.

L’immense majorité des habitants ne sont tout simplement pas au courant !

D’après nos informations, très peu de communes ont mis en place une concertation effective avec le public. Un rapide pointage sur les sites internet officiels des communes et des ECPI, montre que l’existence de cette « concertation » n’y est presque jamais mentionnée, ni en « une », ni dans les pages « actualité » ou « dossiers de fond ». La presse locale n’évoque pas non plus ce sujet. Résultat : très peu d’informations circulent.

Pourtant cette démarche soulève des enjeux importants et complexes : à l’issue de la procédure, seront définies et validées des parcelles où l’édification de dispositifs tels que éoliennes, méthaniseurs, parcs photovoltaïques, etc. bénéficiera d’un appui financier et logistique. Qui ne voit que si une éolienne de 160 mètres de haut (ou plus bien souvent ) est installée dans quelques parcelles déclarées favorables, toutes les autres seront impactées ? Les PLU, ensuite, pourront faire l’objet de « modifications simplifiées ». En cas de projet d’éoliennes industrielles sur une zone dite « favorable », la procédure d’enquête publique et d’instruction des dossiers sera accélérée.

Dans ces conditions, les associations locales n’ont évidemment pas le temps de se saisir du dossier, et une instance aussi importante que la Commission départementale des sites et des paysages (CDNPS) ne sera, à lire le courrier préfectoral, pas invitée à émettre le moindre avis. L’Etat est si pressé d’accélérer le mouvement qu’il va jusqu’à envoyer aux maires un projet de délibération destiné à être adopté par leurs conseils municipaux.

Corrèze Environnement attire l’attention des Corréziens sur l’importance de ce qui est en train de se passer, hélas un en catimini. La configuration et l’apparence de vos villes, villages et zones rurales peut être substantiellement modifiée, les paysages peuvent être impactés, et pour longtemps. Des atteintes à la biodiversité, concentrées sur des parcelles sacrifiées pour la bonne cause, peuvent se produire. L’enfer est parfois pavé de bonnes intentions.

Il faut sonner l’alerte !

A ce jour, ce calendrier démentiel a déjà été légèrement amendé. Il est encore temps d’agir:
Nous demandons aux Corréziennes et Corréziens de se tourner sans attendre vers leurs représentants élus. Il faut obtenir des informations concrètes sur les projets communaux en cours d’élaboration et obtenir de nos élus un  débat effectif et sérieux et  que la transition énergétique ne se fasse pas au détriment du vivant.

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